III.les grandes phases

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On distingue généralement 3 phases (voire 4)dans le conflit: 431-421, que l'on appelle la guerre de 10 ans; 421-416, la paix de Nicias; 415-413, l'expédition de Sicile; et enfin les dernières années du conflit,à savoir de 413 à 404.

  • Les évenements de l'année 431 sont assez simples à résumer: les Péloponnésiens mènent leur première campagne en Attique, ravageant les récoltes, champs... des Athèniens, qui de leur coté se sont réfugiés comme Périclès le souhaitait, derrière les Longs Murs abandonnant leurs campagnes, Athènes s'est aussi trouvé un allié de poids,en la personne de Sitalcès Roi de Thrace; dans le même temps, la flotte athènienne attaque la Laconie et l'Elide. De ce fait les premiers grands affrontements ont lieu en 425. Je vais quand même revenir sur ce qu'il se passe entre 430 et 425, car il y a des éléments déterminants.
    Ainsi on notera en 430 la célèbre oraison funèbre de Périclès pour les premiers morts athèniens au combat (Thucydide,livre II,35-46), oraison qui se transforme en vive propagande de la démocratie athènienne. Le même année les Spartiates mènent leur deuxième campagne en Attique, mais l'évenement majeur ,qui aura une très grande importance dans le déroulement de la guerre est l'épidémie de peste (en fait il ne s'agirait pas de la peste mais d'une autre maladie) qui frappa Athènes: amenée par des marins, la propagation de l'épidémie est favorisée par l'entassement de la population derrière les Longs Murs. Un quart à un tiers de la population athènienne est mort durant l'épidémie, mais la description qu'en fait Thucydide montre surtout les conséquences morales de la peste, c'est à dire la séparation des familles, l'approche de la mort... Les Athèniens en colère, la guerre ne se déroulant pas comme prévu et à cause de la peste, frappent d'une amende Périclès, mais regrettent cet homme quand en 429 il meurt de la peste (en fait un retour de l'épidémie) (Thuc. II,60-63). Il faut désormais lui trouver un successeur (tout en sachant qu'il ne le vaudra pas): jusqu'en 422 la vie politique à Athènes se résume à l'affrontement entre Cléon et Nicias. Le premier est issu d'une famille moyenne, sa mère n'est pas Athènienne ce qui lui vaut des critiques, mais d'un autre côté il est apprécié du fait de son désir de continuer la politique impériale menée par Périclès, à savoir garder l'Empire, l'étendre, et surtout ne pas céder contre Sparte et les cités alliées qui se révoltent: en 427 l'île de Lesbos, et sa cité de Mytilène, se révolte et fait appel à Sparte. Les Athèniens matent vite cette révolte et au moment de décider du sort des prisonniers, Cléon est favorable à leur exécution (finalement on décide de créer des clérouquies).
    De l'autre côté on trouve Nicias: riche, issus d'une bonne famille, bien élevé, il est inquiet, il a peur du jugement des Athèniens, et il souhaite négocier avec Sparte. C'est donc l'opposé de Cléon.
    Au niveau purement chronologique, en 428, un des Rois de Sparte (il y en a 2), Archidamos, assiège Platées, qui tombe en 427; en 426 Athènes connait une victoire contre l'Ambracie, et une défaite en Etolie. En 425 la flotte Athènienne est envoyée à Corcyre (où a eu lieu une révolution), et décide de faire escale à Pylos, dans le Peloponnèse. Les Spartiates décident de les déloger mais c'est un éechec et les Athèniens les encerclent autour de l'îlot de Sphactérie. Les Spatiates proposent alors la paix, mais Cléon, fidèle à ses idées, refusent, il est envoyé à Pylos et prend la Sphactérie ,fait 120 prisonniers ramenés à Athènes. Les Spartiates pret à tout pour récupérer leurs hommes acceptent de ne plus ravager l'Attique.
    En 424, Brasidas le spartiate, a l'idée d'attaquer directement les Athèniens et monte une expédition pour avoir une base en mer Egée et gêner le ravitaillement d'Athènes. Il va donc en Thrace et prend Amphipolis avant l'arrivée de Thucydide, chargé de surveiller la côte Thrace. Thucydide décide alors de s'exiler jusqu'en 403. Brasidas, un modéré est accepté et bien reçu par Athènes, si bien que pendant l'année 423 il n'y a pas d'affrontement important.Mais en 422 devant Amphipolis, Cléon puis Brasidas sont tués (Thuc.V,14-18).

  • Plus rien n'empêche alors Nicias de négocier avec Sparte.
    Dans les 2 camps on ressent un désir de paix, une lassitude au combat. A la suite de négociations on prévoit une paix d'une durée de 50 ans, la restitution des prisonniers et des places prises, on promet des négociations et un arbitrage en cas de litige, une alliance défensive entre Sparte et Athènes voit le jour. Mais les ligues ne sont pas remises en cause Athènes signe même une alliance défensive avec Argos, Mantinée, et Elis) de plus les Béotiens et Mégariens refusent cette paix dite Paix de Nicias, du nom du négociateur athènien. La méfiance entre les cités reste présente, par exemple les Athèniens ne rendent pas tout de suite la Sphactérie et les Spartiates Amphipolis.
    La période de 10 ans entre 431 et 421 a été remarquable de part la durée, l'acharnement des combats et les pertes qu'ils ont générés.

    Mais tout ne s'arrète pas en 421. Les Athèniens qui ont bien accueillis la paix vont se laisser entrainer vers la reprise de la guerre, notamment à cause d'Alcibiade: issus d'une grande famille, riche, beau, excellent orateur, Périclès a été son tuteur, ce qu'il recherche c'est la gloire. La paix signée n'empêche pas les combats, par exemple entre Argos (qui cherche des alliés) et Sparte en 418; ou suite au refus de Mélos de rentrer à nouveau dans la Ligue de Délos, en 416. Les Méliens ne demandent rien, ils ne veulent pas choisir de clan. Mais les Athèniens leur expliquent qu'ils veulent les Méliens, que quoiqu'il arrive ,les Athèniens étant les plus forts, Mélos rentrera dans la ligue, car ça leur est utile, et c'est aussi utile pour les Méliens (s'ils ne veulent pas mourir). Les Méliens n'acceptent pas cette confusion voulue entre le juste et l'utile et ne cèdent pas; Athènes prend donc l'île et installe des clérouquies. Mais ces 2 conflits n'entraine pas la reprise de la guerre.
    L'évenement qui déclenche la reprise de la guerre est l'expédition de Sicile.
    Thucydide nous dresse un état de la Sicile. La région est un symbole du succès de la colonisation grecque. Les cités sont frequemment en désaccord et Syracuse donne l'impression d'etre la plus puissante. Syracuse soutenait Selinonte contre Segeste (située à l'interieur de l'île). Segeste cherche donc des alliés, et sous pretexte d'avoir eu des liens avec Athènes à une lointaine époque, vient réclamer de l'aide à l'assemblée d'Athènes, en précisant qu'elle possède un trésor de guerre (la guerre coûte énormément et ça peut être un argument pour convaincre Athènes). Les Athèniens sont partagés en 2 clans: ceux qui sont favorables à l'intervention d'Athènes dans le conflit, menés par Alcibiade qui promet des trésors, du blé, une position avancée en occident... ; et ceux qui sont contre, menés par Nicias, qui prône la prudence, conscient que la paix est fragile. Après des débats à l'Ecclesia on vote l'envoi d'une expédition de dizaines de milliers d'hommes mais pour plus de prudence elle sera menée par 3 chefs: Alcibiade, Nicias et Lamachos (un stratège). L'expédition va être sublime mais peu avant le départ des statues d'Hermès sont mutilées. Des gens ont offusqués les Dieux, peut être pour empecher le départ de l'expédition. Des coupables sont arrêtés puis executés mais le nom d'Alcibiade avait été prononcé. A cette affaire vient s'ajouter celle des parodies des Mystères d'Eleusis (on en sait peu de choses) où là aussi Alcibiade pourrait être melé. Il est donc sous le coup de 2 accusations très graves; il demande à être jugé tres vite, avant le départ afin de pouvoir se défendre mais ses adversaires font trainer les choses et Alcibiade doit partir avec l'expédition. Mais un navire officiel part le chercher pour le jugement; Alcibiade s'exile alors à Sparte et donne des conseils aux Spartiates: il leur explique les dangers athèniens, leur projet en Sicile et la nécessité qu'ils interviennent. Mais les Spartiates ne réagissent pas. Par contre leurs alliés Corinthiens qui ont aidé Syracuse, les poussent à intervenir.
    Dans le même temps ,les Athèniens assiègent Syracuse mais sans résultat. Les Spartiates arrivent et gagnent la bataille navale de Plemyrion. Les Athèniens envoient Démosthènes pour aider la flotte mais ça ne change rien, ils n'arrivent pas à prendre Syracuse, pire la flotte est détruite dans la rade et sur terre l'armée capitule en 413. Les meneurs, Nicias et Lamachos sont égorgés et le reste des troupes est enfermé dans des carrières.
    Cette expédition est un véritable désastre, Athènes en ressort ruinée et saignée, mais ne veut pas demander la paix.

  • On entre désormais dans les dernières années du conflit.
    Le conflit dure depuis 18 ans et les cités belligérantes cherchent de l'argent ,qui leur permettrait de vaincre définitivement leur adversaire. Il existe un peuple considéré comme le coffre-fort de la Méditerranée: l'Empire Perse. Les Athèniens tentent de le convaincre afin de refaire leur flotte et les Spartiates veulent avoir une flotte digne de leur puissance terrestre. Et c'est Sparte, avec notamment Lysandre, qui obtient de l'argent de la part des Perses, anciens ennemis de toute la Grèce. Le Grand Roi des Perses obtient en échange de cet argent, d'étendre sa domination sur les cités grecques d'Asie mineure, qui doivent payer un tribut.
    A Athènes les ruraux et les gens sollicités par les efforts de guerre en ont marre de ce conflit; ce mécontentement conjoncturel peut trouver un mécontentement idéologique (contre la démocratie, l'Empire, le Misthos...), et on assiste à une remise en cause du régime en tant que démocratie et impérialisme. En 411 les favorables à l'oligarchie annoncent la suppression du Misthos et de la Boulée. A la place de la Boulée ils installent un conseil de 400 personnes: c'est la "Révolution des 400". Mais c'est vite un échec car ils n'ont pas réussis à faire la paix (or ils étaient là pour ça) et surtout parce que la flotte athènienne, reconstituée à Samos, refuse de se rallier à ce coup d'état, or la flotte même a l'étranger, reste la légitimité d'Athènes. La démocratie revient à Athènes sous la forme des "5000 citoyens" qui remplace le conseil des 400 et Alcibiade aussi grâce à la reprise de Thasos.
    A Sparte, Lysandre sait que pour vaincre définitivement Athènes il doit remporter une bataille sur mer afin d'empecher le ravitaillement du port du Pirée et de laisser mourir de faim les Athèniens.
    En 406 les Athèniens remportent un victoire tristement célèbre aux îles Arginuses: les stratèges vainqueurs sont condamnés à mort car ils n'ont pas récupérer les corps des morts après la bataille (la tempête s'etait levée). On exécute donc des vainqueurs. En 405 la flotte athènienne est surprise et battue à Aigos-Potamos. Athènes n'a plus de flotte et ne peut donc plus être ravitaillée et ses alliés l'abandonnent les uns après les autres. Lysandre peut donc mettre son plan à execution: il assiège Athènes pendant plusieurs mois jusqu'à ce que la cité soit obligé de se rendre, à cause de la famine.
    C'est le moment de négocier: Athènes doit raser les Longs Murs, sa flotte est détruite, l'Empire est dissout, elle doit devenir l'allié de Sparte. C'est le desarrois à Athènes, la population est remplie de doute, la démocratie a amené la défaite, la ruine, les morts. On remet donc le régime en cause comme en 411. Lysandre qui déteste les institutions athèniennes, veut instaurer un régime oligarchique. Il contraint donc l'assemblée à condamner les instituions sous peine de recommencer la guerre. Un groupe de 30 personnes est choisis, les "Trente" plus les "10 du Pirée", plus les 11 magistrats chargés des prisons et des exécutions (en 404). Ce régime est soutenu par les notables déçus par la démocratie dont Platon et Xenophon ou les moins connus Clitias et Théramène.